La Vendée et les Vendéens
Comprendre la Vendée, c'est admettre une complexité de motivations et de déceptions spécifiques au bocage, à la mesure des espérances mises en 1789 dans la réunion des États généraux.
Les paysans, majoritaires, paient finalement plus d'impôts que sous l'Ancien Régime, et, locataires de leur terre ou journaliers, ne peuvent acquérir de biens nationaux. Les artisans, fils de paysans, sont pris en tenailles entre la hausse catastrophique des prix alimentaires, la chute des commandes et la désorganisation de l'économie au début de la Révolution.
Dans un pays d'habitat dispersé et d'individualisme agraire, la communauté rurale, c'est la paroisse, c'est le prêtre qui a le monopole de l'instruction. Or voilà que la ville s'en mêle, avec la Constitution civile du clergé.
Car le grand ennemi devient très vite le bourgeois, lui aussi roturier, mais désormais acquéreur des terres, âpre au rendement, occupant de toutes les places et de tous les nouveaux pouvoirs : garde national, juge, percepteur, maire, administrateur du district.
Quitte à mourir les armes à la main, mieux vaut que ce soit pour son petit « pays » que pour la Nation qui n'a pas tenu ses promesses. C'est alors que les intérêts et les conflits sociaux trouvent à se draper dans la défense de la foi et du roi, dès lors que l'aristocratie propose l'encadrement militaire.
Ainsi alla la Vendée.