Au début du XXe siècle, il était très en vogue, pour un journaliste issu de la bourgeoisie, d'écrire ses frasques ou ses aventures dans des pays exotiques. William Seabrook était le précurseur de cette tendance et n'hésitait pas à participer à des cérémonies vaudoues à Haïti, à traverser le Sahara à dos de chameau, à discuter avec des rois cannibales de Côte d'Ivoire ou à goûter de la viande humaine volée par une connaissance travaillant dans une morgue parisienne. Mais l'écrivain était un alcoolique invétéré et notoire, profondément obsédé par le sadomasochisme et les soi-disant propriétés mystiques de la douleur. C'est sans état d'âme qu'il choquait la bonne société, en pratiquant le bondage avec de jeunes femmes qui se retrouvaient parfois ficelées comme des rôtis.
Même s'il côtoyait de nombreux artistes et écrivains illustres de son époque tels Aleister Crowley, Man Ray ou James Joyce, les dernières années de sa vie il sombrait peu à peu dans l'oubli, laissant probablement derrière lui son rêve de devenir un grand écrivain.