Une femme attend son amant, l'amant qu'elle appelle
Liesse. Il arrive, elle le sait. Libérée de son mari, de ses
enfants, elle arpente son appartement sans rime ni raison,
creusée d'attente, habitant le désir qui la hante.
Tandis qu'elle se souvient dans l'ivresse des jours précédents,
elle anticipe les heures à venir dans une projection
troublante, une soif grandissante du corps fantasmé
et des mots de l'amant, celui qui sublimera son
désir dans le partage amoureux du verbe le plus cru,
le plus libre, l'âme en liesse...
À ce chant érotique aux accents de perdition s'entremêle
une autre voix, celle d'un homme, non pas
l'amant mais le mari. Il erre dans la ville, emporté par
le ressac de la jalousie. Le doute s'insinue : et si le
chant érotique qui précède et nous emporte n'était que
le fruit de cette jalousie, nourri des peurs et des histoires
passées d'un homme qui se débat solitaire avec
ses fantômes et ses fantasmes, avec l'idée de possession
et la notion d'adultère ? Les passions s'exacerbent
au rythme de ces deux voix si différentes, l'une aussi
âpre que l'autre est envoûtante.