Lamine Guèye qui n'a pas eu la chance d'être président
de la République du Sénégal n'est pas connu de la jeunesse
actuelle. Léopold Sédar Senghor, qu'il présenta au lendemain
de la Deuxième Guerre mondiale comme son second et député
des «sujets français», a réussi à l'éclipser.
Victime de l'action des administrateurs de la France d'outre-mer,
pour avoir giflé celui de Bakel, il a été battu aux élections
législatives du 17 juin 1951 par Léopold Sédar Senghor et Abbas
Guèye (un syndicaliste). Ce geste considéré comme une injure
à la France a incité le syndicat des administrateurs à éliminer
Lamine Guèye de la scène politique africaine.
Depuis cette époque, l'ancien député des Quatre Communes
a vu son influence politique baisser considérablement. Il avait
perdu les électeurs de la campagne et singulièrement l'appui
des chefs de grandes confréries musulmanes comme El Hadj
Falilou Mbacké, Serigne Ababacar Sy et El Hadj Seydou Nourou
Tall. L'un de ses grands soutiens dans le Sine Saloum, Djaraf
Ndaw, l'avait abandonné pour rejoindre Léopold Sédar Senghor.
Ainsi, à la veille de l'indépendance, Lamine Guèye n'avait gardé
de l'influence qu'à Saint-Louis et à Dakar.