Il ne faut pas mésestimer le poids des notes dans le parcours d’un écrivain. Qu’il s’agisse d’essais, de préfaces ou de chroniques, ces textes parallèles esquissés le long de l’œuvre en cours en disent long sur la circonférence de ses lectures, et donc sur sa profondeur de champ. En somme, les auteurs que l’on porte en soi façonnent autant notre réalité que notre environnement direct ou notre histoire personnelle.
Dans son cycle critique « L’amitié des voix », Jacques Ancet réunit moins un panthéon d’auteurs qu’une colonne vertébrale, nécessairement subjective, d’œuvres ayant soutenu sa voie : « une géographie de préférences personnelles qui s’étend sur près de quarante ans ». Car on n’écrit pas sans l’autre, et dresser la carte de ses voix d’écriture, c’est livrer un peu de soi-même.
Ce second tome réunit des auteurs contemporains vivants — ou presque, comme Philippe Jaccottet, Bernard Noël et Michel Deguy récemment disparus —, dont la naissance s’échelonne, en gros, dans la décennie des années 20 et 30, et 30 et 40. D’autres auraient pu figurer ici, notamment de plus jeunes, mais il fallait se donner des limites et c’est bien arbitrairement que ce parcours s’achève finalement avec trois auteurs nés dans les années 50 : Andrés Sánchez Robayna pour son importance dans le panorama des lettres hispaniques actuelles et, par l’effet des circonstances, en l’occurrence leur disparition prématurée, Thierry Metz et Antoine Emaz.