Parcourir durant de longs temps, les territoires du
grand Nord, des terres d'Ellesmere, de Baffin, du
Groenland et du Svalbard engage le voyageur à
porter loin le regard. Loin des pratiques
culturelles qui lui sont habituelles, loin de ses
manières acquises de regarder le monde, si
différentes des siennes et pourtant si proches
puisqu'elles sont humaines.
Dans son silence l'homme sans chemin ne voit
que lui-même. De temps à autre, il fait une
escale pour réfléchir au sens de son destin et il
se heurte à un mur d'incompréhension et
parfois de cruauté. Alors il se bricole des
petites théories, a priori pour éviter de se
confronter à sa propre frayeur face à
l'inconnu qui ne dit rien d'autre que son
ignorance. Devant l'ampleur du désespoir, il
lui arrive de renoncer. Mais le Nord appelle
le Nord et dans sa profondeur d'être, il se sait
maintenant seul et il sait qu'il reviendra autant
qu'il en aura épuisé les limites. La
connaissance est au prix de l'infinie
profondeur.