Miguel Brieva (Séville, 1974) est un organisme bivalve bien particulier possédant sept yeux, des branchies polyglobuleuses alternées et doté de vingt-huit extrémités que nous pourrions qualifiées de supérieures et qui se terminent en forme de nageoire et sont dépourvues de pouce opposable. Cependant, si cette carence anatomique ne l'empêche pas de dessiner, cela est surtout dû à une pléiade d'agiles tentacules émanant de sa tête qui viennent se joindre de manière précise à deux cuisses transversales lui sortant de l'abdomen, le tout étant associé à un émetteur ultrasensible d'ondes à basse fréquence logé à l'intérieur de son appendice nasal, car... mais, pourquoi se perdre en détails ?
Chaque lundi, on le sort pour le promener dans une boîte en carton.
L'argent est un recueil de dessins choisis parmi ceux qui peuplaient les pages de la revue madrilène Dinero (2001-2005). Son auteur unique, Miguel Brieva, publie depuis régulièrement ses cartoons corrosifs dans la presse espagnole.
Son propos est une charge malicieuse et philosophique contre l'uniforme laideur d'un monde régi par le culte de l'argent roi, l'argent fou, l'argent homicide - devenu l'unique et très ténébreux objet des désirs racornis.
L'univers de Brieva offre un reflet joyeusement cauchemardesque du paradisiaque supermarché mondial dont l'infernale vérité est la course au « bénef » ou à la survie - et où la bêtise joue à plein son rôle effroyable dans l'histoire humaine.
Car Brieva excelle à déceler le bouffon qui sommeille en tout tyran, petit ou grand.