Trois nouvelles de Foudras sont réunies dans ce volume. On y retrouve sa passion
pour la vénerie et la finesse de son regard sur ses contemporains qu'il décrit
avec une bienveillance parfois moqueuse.
Grandeurs et décadence d'un vautrait paraît ici pour la première fois en volume.
Ce texte oublié a été redécouvert pour cette édition complète.
«Le comte de B*** était debout, le dos arc-bouté contre un vigoureux
baliveau qui ployait cependant sous l'effort de ses reins, et il étreignait dans
ses bras le sanglier, qui s'était probablement rué sur lui après avoir été blessé.
La hure monstrueuse de l'animal, dressé sur ses pattes de derrière, dépassait
de beaucoup la tête de mon ami, et je vis alors que les défenses formaient, en
se réunissant au-dessus du groin, une sorte d'anneau quasi fermé qui les empêchait
d'être dangereuses : le solitaire était miré.
«Mes chiens avaient tous fini par rejoindre la chasse, et ils couvraient la
bête, figurant sur son corps une grappe de toute beauté qui commençait aux
suites et finissait aux écoutes. Ils criaient sans relâche, mordaient sans paix ni
trêve leur adversaire, mis hors d'état de se défendre par la puissante étreinte du
comte, cherchaient à le déchirer de leurs ongles incrustés dans son cuir : jamais
ils ne s'étaient vus à pareille fête, aussi s'en donnaient-ils à coeur joie.
«- Lâchez-le, que je le tue ! criai-je de toute la puissance de mes poumons
à mon ami, dont les traits livides et affreusement contractés semblaient
annoncer qu'il devait être au bout de ses forces physiques.
«- J'ai commencé, je veux finir ! cria-t-il à son tour.
«Et je vis ses bras se roidir dans un suprême effort.»
Ce volume est le dixième de la collection des OEuvres cynégétiques complètes
du marquis de Foudras (1800-1872), célèbre "gentilhomme chasseur" bourguignon,
publiée depuis l'an 2000 à l'occasion du deux-centième anniversaire de sa
naissance. Le bonhomme Maurevert et Les landes de Gascogne furent publiés,
ensemble, à Paris en 1857 et plusieurs fois réédités. Grandeurs et décadence d'un
vautrait ne fut en revanche publié qu'en feuilleton dans le Journal des chasseurs
de novembre 1863 à mars 1864.