Comme de nombreuses autres communautés paysannes amérindiennes de l'État de Oaxaca au Mexique, les Mixe réalisent régulièrement des sacrifices de volailles pour solliciter l'aide d'entités de la nature dans des contextes politiques, agricoles et thérapeutiques, ou en lien avec des étapes du cycle de vie. La diversité des finalités poursuivies soulève plusieurs questions. Pourquoi ces demandes exigent-elles des participants l'ascension d'une montagne avant de partager des repas rituels ? Pour quelles raisons faut-il que le sang des animaux soit répandu sur des dépôts cérémoniels élaborés selon une comptabilité complexe ? Pour répondre à ces interrogations, l'enquête restitue les discours rituels prononcés en langue vernaculaire en les reliant aux actions exécutées par les participants. Par-delà la description des gestes et des parcours réalisés par les humains, l'enjeu est de découvrir quelles actions les Mixe attribuent aux destinataires des sacrifices, et notamment à « Celui qui fait vivre ». Ce sont ces entités qui, bien qu'en partie invisibles, donnent sens, par leur présence et les pouvoirs qu'on leur prête, à l'organisation rituelle. Au fil des pages, le lecteur découvre comment les humains se coordonnent avec ces partenaires d'un genre particulier pour réaliser certaines activités : partager des repas, occuper des fonctions dans l'équipe municipale, faire croître le maïs ou protéger les enfants. Tandis que le « champ » implique une activité synchronisée de la part de tous les partenaires, le « chemin » renvoie à une organisation politique dans laquelle chaque nouvelle génération prend le relais de celle qui la précède.