Le cinéma de Jia Zhang-ke
No future (made) in China
Né en 1970, Jia Zhang-ke réalise son premier long-métrage, Xiao Wu, artisan pickpocket, en 1997. Il est aussitôt remarqué dans plusieurs festivals internationaux avant d'être hautement plébiscité par la critique au moment de sa sortie sur les écrans français en janvier 1999. On a d'emblée fait de Jia Zhang-ke le chef de file des cinéastes chinois de la sixième génération, d'un cinéma indépendant, non reconnu par l'État et non distribué dans son propre pays. Si sa situation évoluera de ce point de vue-là (il est officiellement autorisé à tourner à compter de 2002 et ses films sont dès lors modestement distribués sur le sol chinois), la cohérence de son oeuvre n'est aucunement remise en cause. Tous ses films traitent en effet du même sujet, s'emploient à décrire les profondes mutations de la Chine dans le passage du XXe au XXIe siècle, du communisme au capitalisme, avec une attention quasi exclusive pour les laissés-pour-compte de la croissance extraordinaire du pays. À travers fictions - Xiao Wu, Platform (2000), Plaisirs inconnus (2002), The World (2004), Still Life (2006) - ou documentaires - In Public (2001), Dong (2006), Useless (2007) - ou bien en tentant la fusion entre les deux registres - 24 City (2008) -, Jia Zhang-ke n'a de cesse de convertir ses propres constats en questions de cinéma. Aussi le présent ouvrage, dans une approche ouvertement esthétique et dramaturgique, s'emploie à restituer cette quête d'adéquation constante entre fond et forme, et à ainsi célébrer l'émergence d'un cinéaste majeur qui marquera assurément l'histoire du cinéma.