Le cinéma sud-coréen, l'un des plus méconnus au monde, a toujours été le lieu d'une confrontation entre pouvoirs politiques et expérimentation créative. Né sous l'occupation japonaise (1910-1945), il adopte d'emblée - sous des apparences réalistes - la forme mélodramatique convenant aux pouvoirs dictatoriaux.
Le passage à un régime officiellement démocratique en 1987 entraîne une atténuation de la censure, l'ouverture totale des écrans aux films américains et l'apparition ou l'affirmation de nouvelles esthétiques cinématographiques.
Le cinéma mélodramatique, imprégné de confucianisme, entame alors son déclin. Le cinéma des collectifs marxistes jusqu'alors clandestin tente une alternative au nouvel ordre spectaculaire dominé par la très présente "Nouvelle Vague" dont le courant majoritaire est moderniste, promoteur des valeurs du néo-libéralisme triomphant. Son courant minoritaire produit un cinéma expérimental abstrait ou ultra-réaliste.
Les catégories stylistiques ethnocentristes élaborées en Occident ne peuvent cerner la richesse de cette "Nouvelle Vague". La notion avant-gardiste de spectacle social, associant en une vision globale arts, idéologies et société, aide à mieux cerner l'exemplarité du cinéma sud-coréen.