Dylan Thomas (1914-1953) n'a pas de temps à perdre. C'est un adolescent de dix-sept, de vingt ans, perché dans sa chambre au-dessus de la baie de Swansea, au sud du pays de Galles. Tout poète et rien que poète, il manigance et trafique et fourbit ses vers jour après nuit : « J'appris les verbes du vouloir, j'eus mon secret ; / Le code de la nuit tapota sur ma langue. »
Unité dure, éclat mat, lignes luttant pour être. Les deux premiers recueils sortent tout armés de sa jeunesse en 1934 et 1936. Le troisième, The Map of Love, paraît pour ses vingt-quatre ans. Deaths and Entrances (1946), l'ouvrage de sa maturité, formera le principal du deuxième volume de L'Œuvre poétique ici publié.
Soixante-dix ans après la disparition de l'écrivain britannique, on découvre ainsi enfin l'intégralité de ses poèmes en français. Cette édition bilingue permettra à chacun de palper la matière de sa langue. Pour chaque pièce, une notice et des notes sont chargées d'en démêler les intrications. Et que de chocs, de feintes, quelle beauté longue ou abrupte ; que de drôlerie, de hargne et d'amour s'y massent. C'est l'évidence : la poésie de Dylan Thomas, dans sa solitude folle, fait entendre un coup de tonnerre prolongé qui n'a pas d'équivalent - ni n'en aura - sous le ciel des lettres.