
Le col du fémur
Cette histoire, à la différence de ce que j'ai pu écrire jusqu'à maintenant, est en grande partie autobiographique.
Elle m'a été inspirée par cette expérience qu'on ne pouvait pas être fracassée « du dehors » : sans être fracassée « du dedans », non seulement parce que l'image du corps « en a pris un coup », mais parce qu'il y a un « avant » et un « après ».
Avant, et quel que soit votre âge, il y a cet élan vital qui vous pousse, coûte que coûte.
Après, il y a ce qui fut votre corps animé, cette espèce d'oripeau que vous allez traîner avec vous, parce qu'on vous a fait vieillir d'un coup, au point de vous faire comprendre que vous n'avez plus votre place dans ce monde, où les gens marchent dans la rue sans avoir peur de tomber.
C'est ce choc sans retour que j'ai essayé de restituer, avec la dureté voire la brutalité d'une société peu accueillante pour les non valides.
Il reste que par-dessus tout cela, surnage un univers de tendresse, qui fait qu'une simple chatte vous a attendue pour mourir ou qu'un matou agressif s'est ingénié à la remplacer.
Et vous reprenez la route, parce qu'on ne peut pas faire autrement, et que c'est en remontant le col du fémur qu'on va pouvoir sans honte et sans regret écrire le mot fin sur ce qui n'était après tout qu'un passage.
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