« De l'amour de soi, à commencer par l'amour de son propre corps, dépend la sensibilité à l'égard de la subjectivité de l'autre. »
Cela surprendra, mais nous avons deux corps ! Le corps biologique, qui est celui qu'on examine au microscope ou qu'on soigne avec des antibiotiques ; et le corps érotique, au travers duquel nous éprouvons la vie, la souffrance, le plaisir, l'excitation sexuelle, le désir. À partir du corps biologique, qui relève de l'inné, se construit progressivement l'autre corps, le corps érotique, qui relève donc de l'acquis. Mais que se passe-t-il quand cette construction rencontre des obstacles qui la mettent en échec ? Une vulnérabilité du corps s'installe, qui peut se manifester par la formation de symptômes psychopathologiques, mais aussi par une réduction de la sensibilité à la souffrance (la sienne comme celle d'autrui), par exemple dans le cas des psychopathes. Peut-on alors, sur cette base, former une conception psychanalytique du sens moral ?