Lorsque Jean-Charles Pichon compose les 144 poèmes du Cri articulé, entre Nevers et Nantes, de 1968 à 1970, il est l'auteur de douze romans primés ou salués par une critique élogieuse, de plusieurs biographies dont le révolutionnaire Saint Néron et de dialogues de films toujours rediffusés (La Tête contre les murs, Les Dragueurs, La Main chaude), mais surtout de quinze ouvrages fondamentaux sur l'histoire des mythes, des sociétés et des croyances.
Mais Le Cri est refusé par tous les éditeurs, jusqu'à ce que Pichon, en 1972, le camoufle dans une série : La Vie des Dieux, sous le titre Les Dieux étrangers (Payot).
Si nous ouvrons notre maison d'éditions par la publication du livre maudit, c'est qu'indépendamment de sa valeur littéraire, il nous semble présenter la synthèse la plus complète des mythes relatifs à l'Attendu : l'Arbre, Bacchus, Dionysos, le Graal, l'Urne aux Voix, et, parmi toutes les machines ésotériques ou théologales édifiées en huit siècles, la plus surprenante à coup sûr.
Le Cri articulé n'est pas seulement l'œuvre maîtresse de Pichon et l'un des plus beaux poèmes du siècle, il est, trente ans après son écriture, l'approche la plus précise et la plus ferme de ce qui doit venir et vient : «l'Esprit de Liberté».