Dans le champ de la déficience que l’on dit mentale, les notions centrales issues du corpus freudo-lacanien, sont-elles théoriquement pertinentes et cliniquement opératoires ? C’est la question déclinée par l’auteur, psychologue clinicien en institution, dans ses aspects pratiques. La psychanalyse ne vient-elle pas bousculer une idéologie « psychologisante » et un idéal de réparation nous mettant sur la voie d’une éthique du sujet ? Le handicapé mental est-il sujet de l’inconscient ? L’état « déficitaire » qui tient souvent lieu de diagnostic, a-t-il effacé les notions péjoratives d’idiotie, d’imbécillité et de stupidité ? Ne vient-il pas encore contaminer notre rapport à l’autre déficitaire ? Les notions freudo-lacaniennes de fantasmes originaires, de Réel, de Symbolique et d’Imaginaire, de Phallus, de Jouissance sont-elles, dans un tel champ, théoriquement pertinentes et cliniquement opératoires ? Fort d’une expérience institutionnelle de psychologue clinicien auprès de déficients mentaux, l’auteur met la psychanalyse à l’épreuve de l’arriération profonde. Son objectif est double : démontrer qu’à l’inverse du Moi, le sujet lui n’est pas handicapé ; fonder, à partir de ce constat, une pratique clinique et éducative subjectivante et non normative. L’éthique analytique, à l’inverse de tout idéal psychologisant ou rééducatif, pourrait alors venir à la rescousse non de la personne déficitaire, mais du sujet.