Pour écrire ce livre, il fallait peut-être comme l'auteur être né dans le Plan de la Cour d'Arles, et y avoir passé son enfance sous le regard protecteur de l'Homme de bronze, sentinelle immobile de la tour de l'horloge. Nous avons tous dans le passé de notre vie un exploit à raconter à l'appui de notre vocation, une indication instinctive qui trahit l'homme dans l'enfant : Hercule au berceau s'exerçait sur de jeunes serpents à faire un jour la guerre à l'hydre de Lerne ; Turenne écolier fut trouvé endormi, à la belle étoile, sur l'affût d'un canon ; l'auteur du Dernier roi d'Arles, étant encore à la bavette, s'échappait quelquefois de la maison paternelle jusque sous le vestibule de l'Hôtel de ville, et contemplait avec admiration les lions de pierre qui sont accroupis à l'entrée de l'escalier par lequel on monte à la salle du conseil. Un jour enfin, s'aidant des bras et des jambes à défaut d'étriers, il parvint à se hisser sur la croupe d'un des lions. Ah ! s'il osait dire les rêves qu'il fit là !