Le propre du désir, à l’instar du besoin, est que l’accès à ce qu’il vise l’exacerbe au lieu de le combler, comme si son véritable objet, le désiré, était toujours au-delà de ce qu’il est susceptible de rencontrer. C’est que le désiré n’est justement pas un objet, mais cela même qui transcende tous les objets au titre de leur fond ontologique commun et qui n’est autre que le monde lui-même. Tout désir est désir du monde, non pas au sens où il se rapporterait à un monde déjà là, mais parce qu’il en est la condition d’apparition – il est donc désir transcendantal. C’est à l’analyse de ce désir transcendantal que cet ouvrage se consacre, en montrant notamment que sa dynamique propre implique à la fois une communauté ontologique entre le sujet et le monde et une séparation radicale. Enfin, nous reviendrons, à la lumière de ces résultats, sur la question du désir empirique, pour en conclure qu’il procède d’une désublimation du désir transcendantal, comme si l’autre désiré était ce point du monde où le monde se replie et transparaît en lui-même.