Préfiguration de la vocation nouvelle du Petit Château du Domaine
de Sceaux, l'exposition consacrée au dessin français de paysage des
XVIIe et XVIIIe siècles a permis la réunion d'une cinquantaine d'oeuvres
provenant de plusieurs grands musées de province (Besançon,
Dijon, Épinal, Marseille, Montpellier, Quimper, Rouen), ainsi que
du Louvre et de quelques autres très grandes collections parisiennes
(musée Carnavalet, École nationale supérieure des Beaux-Arts,
Fondation Custodia - collection Frits Lugt). Le fonds propre du
musée de l'Île-de-France vient compléter une sélection valorisant
différents types de paysage, servis par une grande diversité de
techniques graphiques (pierre noire, sanguine, lavis d'encre,
aquarelle...). Que la représentation porte sur des sites rustiques ou
urbains, que le cadrage en soit panoramique ou resserré, que
l'élément humain y trouve ou non sa place, ces feuilles se livrent
comme autant de visions singulières du monde, soutenues par des
principes esthétiques très affirmés. Ainsi les dessins de Claude
Gellée, de Sébastien Bourdon ou de Pierre Patel, au XVIIe siècle,
véhiculent une pensée résolument classique, nourrie de poésie
virgilienne appelant à une méditation sereine, tandis que ceux de
François Boucher, de Jean-Honoré Fragonard ou d'Hubert Robert,
au siècle suivant, cherchent davantage, par leurs rythmes puissants
et presque musicaux, à surprendre et déstabiliser le spectateur.
Quelques dessins s'imposent comme d'évidents chefs-d'oeuvre, tels
l'Ermitage sur un rocher de Jacques Callot, la Vue de Marseille d'Israël
Silvestre ou l'étonnante Vue de Paris du chevalier de Lespinasse.