Dans sa théorie de l'évolution par la «sélection naturelle», Darwin
a ajouté un second processus, qu'il baptise «sélection sexuelle».
D'abord pensé pour expliquer les caractères exubérants des mâles,
comme la queue du paon, ce concept a, par extension, servi à définir
des rôles sexuels stéréotypés, le mâle devant conquérir et la femelle
pouvant choisir. Appliquée à l'espèce humaine, cette théorie de la
«sélection sexuelle» a pu servir d'explication (voire de justification)
du viol, de l'infidélité ou de la pornographie.
J. Roughgarden rejette ce modèle en s'appuyant sur les faits accumulés
par la biologie. Il existe, par exemple, des espèces où c'est la
femelle qui est combative, colorée, et le mâle qui s'occupe des soins
aux petits. On compte en outre chez les animaux des comportements
homosexuels, des individus transgenres, et des espèces où cohabitent
plus de deux «genres».
Les explications en termes de sélection sexuelle s'inspirent également
du paradigme du «gène égoïste» où dans la nature tout ne serait
que conflit, égoïsme, profit. Contre cette image d'une guerre des
sexes généralisée, Roughgarden propose une alternative qu'elle
appelle «sélection sociale», mettant en avant le travail d'équipe
et la coopération entre les partenaires.