Le lettrisme est un pan de notre histoire ayant une certaine responsabilité dans l'héritage des formes et des processus artistiques contemporains. Il se poursuit encore aujourd'hui et laisse un nombre immense d'oeuvres dans tous les domaines des arts visuels.
Pourtant, la relative connaissance qu'on en a permet à peine d'en préciser les contours historiques et, bien souvent, on ne le dissocie nullement de l'internationale Lettriste ou des pratiques de poésies concrètes. La tendance générale en faisait soit le portrait apocalyptique, soit le plaçait dans la continuité d'un courant (surréalisme) ou dans l'origine d'un autre (les situationnistes). L'histoire de l'art après 1945 s'est donc écrite sans ce mouvement, oubliant l'apport qu'il avait eu dans la reconstruction des identités artistiques de la France d'après guerre. Cette absence dans l'histoire de l'art a inévitablement laissé la place à d'autres courants plus ouverts à une critique comparatiste et contextuelle.
Ainsi, cet ouvrage se propose de relever le défi d'une relecture des enjeux historiques du mouvement, tant pour nuancer une certaine littérature consacrée que pour apporter de nouvelles pièces au dossier de la modernité. Le livre analyse les premières années du lettrisme (1946-1953) jusqu'à la scission avec l'Internationale Lettriste et décrypte les modes de fonctionnement et les modalités de mise en place d'une avant-garde après 1945.