Au-delà de ses développements divers, la pensée de Hayek vise un
unique objet : la reformulation philosophique, politique et économique du
libéralisme classique par le moyen d'une théorie extrême qui a pour objet
de saper les fondements du volontarisme économique, politique, juridique
et social, mais aussi, et surtout, de hisser le système du marché comme
macro-ordre-social qui favorise l'accumulation de la richesse, engendre et
renforce la cohésion sociale. Mais, le fonctionnement d'une société libérale
régie par les règles formelles garantissant le libre échange, la libre concurrence
et l'appropriation privée des biens est-il effectivement incompatible avec la
cristallisation des actions autour d'une fonction de bien-être destinée
consciemment à répondre aux besoins de l'ensemble des individus composant
un ordre social ? Comment les individus peuvent-ils édicter les règles de juste
conduite qui président à leurs choix individuels s'ils sont incapables d'en
fournir des raisons adéquates en expliquant par exemple les motifs pour
lesquels ils décident de vivre ensemble ? Autrement dit, la structuration de
l'ordre social sur certains principes d'action ne suppose-t-elle pas, comme
l'a vu Hegel en son temps, une certaine connaissance des fins politiques,
économiques et sociales à atteindre ou à accomplir ?
Autant d'interrogations auxquelles ce livre entend répondre par le recours
à la conceptualité hégélienne.