Quand à la nuit tombante on avait vu la musique du régiment en tenue et avec ses instruments, monter la Grande rue, tous les boutiquiers qui étaient libres et les flâneurs avaient emboité le pas derrière elle.
Où allait-elle ? elle n’était pas sortie pour rien à huit heures du soir. Comme ce n’était pas jour de concert publie, il devait se préparer quelque chose d’extraordinaire ; — il n’y avait qu’à la suivre.
Or, quelque chose d’extraordinaire ou même simplement d’ordinaire, c’était plus qu’il ne fallait pour mettre la ville en émoi ; on aime à s’amuser à La Feuillade, et chacun petits comme grands, bourgeois comme artisans, saisit au vol les occasions qui se présentent pour ne pas rester chez soi et s’en aller flâner jusqu’à une heure avancée de la nuit par les rues et par les boulevards plantés d’ormes qui coupent la ville en quatre parties ; le climat est doux sans les froids du Nord, comme sans les grandes chaleurs du vrai Midi, les jours de pluie sont rares, le vin des en irons est à bon marché, il est agréable de vivre dehors.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.