Regroupé avec les textes Lueurs dans l'ombre, plus d'idiots, plus de fous, daté de 1861, et Le Livre d'Hermann, écrit vraisemblablement avant la Commune, ce corpus qui mêle nouvelles et essais se réfère à l'appréhension de l'enfermement asilaire ou carcéral. Louise Michel s'interroge à propos de la folie et de la criminalité : Que faire pour le fou ? Que faire du criminel ? Existe-t-il, au-delà de la communauté de sort, une parenté entre ces deux états, si ce n'est la privation de liberté qu'ils induisent ? Enfermer les fous est-ce pour les soigner ou les reléguer ? Incarcérer les criminels, est-ce pour les amender ou les punir ?
Ecrits à quelques années d'intervalles, Le Livre du bagne et Lueurs dans l'ombre, plus d'idiots, plus de fous se font écho et reflètent les débats qui animent les dernières décennies du XIXe siècle.
Œuvre de jeunesse pour Le Livre d'Hermann ou œuvre de maturité pour Le Livre du bagne, ces textes révèlent l'intérêt que Louise Michel portait «à la grande famille indéfinie et confuse des anormaux» (Michel Foucault). Elle ne fait pas qu'effleurer les débats, elle pose la question, au travers de ses nouvelles, des origines et de la parenté éventuelle entre crime et folie. Elle examine en dernier ressort les conduites à adopter et les remèdes à apporter afin «d'éveiller l'intelligence» des fous et des idiots.
Ces textes inédits jusqu'alors nous permettront de découvrir une Louise Michel partagée entre ferveur religieuse et positivisme assidu.