Inquiétante étrangeté de l'expérience archaïque à laquelle Jean-Luc Parant convie qui pose son regard sur ce « miroir aveugle ». Il s'agit de mettre en question ce qui fonde et soude chaque sujet parlant : l'illusion que mon corps, mon image et mon nom font un. Questionner l'évidence : pourquoi mon autoportrait doit-il offrir un moi ravi à ma vue mais qui s'isole du regard de l'autre ? La confiance absolue, radicale que nous vouons à l'image dans le miroir vacille car questionner l'évidence évide l'évidence ; la révélation du dispositif conduit en deçà de la vue. Il reste à suivre le chemin : regarder non pas ce qui se présente devant mais en arrière aux yeux de l'esprit; voir sans les yeux qui masquent notre propre regard et se saisir de ce qui est ravi au regard. De là logiquement se déduit le moteur de la quête de Jean-Luc Parant : la puissance du continu.
Le voici, sorti du fantasme de la géométrie euclidienne, hors de la représentation, sorti du calcul de la distance, ainsi prend-il appui sur le voisinage et la proximité. Rares sont les artistes qui s'aventurent dans cette discipline des mathématiques qu'est la topologie, ici la continuité (textes, dessins, boules) non seulement se révèle mais constitue le socle de l'écriture.