«Une légende veut que les cathédrales soient à toute épreuve, disait l'expert. Rien de plus faux. Les bâtisseurs du Moyen Age étaient des bricoleurs. Aujourd'hui, les cathédrales passent leur temps à s'effondrer, à s'enfoncer, à s'effeuiller. Elles coûtent des fortunes en restauration. Mais ça ne fait rien, on retape, on remonte, on colle. On ne compte pas, pour les cathédrales.
Seulement, prévenait l'expert, on ne pourra pas le faire indéfiniment. Le coût des restaurations ne fait qu'augmenter. On sera bientôt à la limite des capacités des pouvoirs publics. Il va falloir trouver autre chose, je ne sais pas, vendre un certain nombre de nos cathédrales à qui en voudra, aux Japonais, au sultan de Brunei. Privatiser, quoi. Créer des fondations. Sinon, il n'y aura qu'à laisser tomber. Laisser crouler les cathédrales sans intérêt.»
A Jean-Léger Tuffeau, le responsable du Patrimoine au ministère de la Culture, l'idée fait l'effet d'un éblouissement. Evidemment. Il n'y a qu'à supprimer les cathédrales en surnombre. Personne n'en pâtira. La collectivité y gagnera. Et lui, Tuffeau, qui est si fatigué, retrouvera le sommeil.
Comme on se trompe...