Le désastre écologique, le sentiment d'insécurité, la prolifération
nucléaire, la fragilisation de l'économie sont perçus comme
autant de menaces transformant la vie en exercice de survie.
Assiégé, le moi se resserre sur lui-même jusqu'à ne plus
former qu'un noyau défensif, armé contre l'adversité.
Christopher Lasch analyse les us et abus de cette notion de
survie, omniprésente dans le monde contemporain. Notre
imaginaire est en effet envahi depuis plusieurs décennies
par des images et une rhétorique de situations extrêmes
désormais plaquées sur toutes sortes d'épreuves de la vie
quotidienne. La problématique de la survie, qui surgit avec les
témoignages des rescapés des camps de la mort, imprègne
aujourd'hui toutes les investigations historiques consacrées
aux minorités exposées à la persécution et à la discrimination.
Elle imprègne aussi jusqu'à la psychologie du développement
personnel et une grande part de la littérature populaire qui
prend pour thème les pressions de la vie professionnelle,
les rivalités et la concurrence dans la vie de tous les jours.
La façon dont ce type d'expérience était vécu jusqu'alors s'en
trouve modifiée et les individus sont conduits à ne plus fonder
leurs choix existentiels que sur des critères émotionnels et
indistincts renvoyant à l'enjeu de la survie.
Dans cette étude de psychologie politique à la fois lucide et
provocante, Christopher Lasch se penche sur cette confusion,
de plus en plus répandue, entre lutte pour la préservation de
l'intégrité personnelle et lutte pour la survie.