Les monstres sont des objets inamicaux qui contestent le
pouvoir de la raison à dire l'ordre de la nature. La tératologie des Geoffroy Saint-Hilaire est l'une des grandes
tentatives rationnelles qui pacifie la figure du monstre en
montrant comment ce qui s'apparente au désordre le plus
irréductible administre la plus claire des leçons sur l'ordre
et l'agencement de la nature dans les êtres vivants. Mais
quelque chose du monstre résiste : son apparaître comme
monstre. Quelle est la leçon philosophique de cette perception de l'écart monstrueux ? Ne pourrait-il pas être un
modèle adéquat de compréhension des vivants et de la vie
en permettant de faire l'épochè de l'idée d'adaptation ? Il
faudrait alors penser une errance propre à la vie.