L'étude de l'esprit préoccupe aussi bien le philosophe, le psychologue, le
cognitiviste et le neuroscientifique. Mais de nouveaux signes de convergence
émergent dans l'élaboration d'un savoir homogène, malgré la
reconnaissance de la diversité historique de chacune de ses branches
constitutives. C'est cette tension qui est prise pour cadre d'analyse épistémologique.
Comment les sciences du cerveau se sont-elles différenciées à
partir d'une physiologie et d'une psychologie expérimentales ? Comment
ces différenciations disciplinaires définissant chacune à leur manière les
fonctions et les fonctionnements du cerveau ont évolué au XXe siècle
pour tisser des liens entre méthodologies, concepts de constitution et
finalement des cadres théoriques communs ? L'auteur, neuroscientifique
et historien des neurosciences, répond à ces interrogations en confrontant
l'histoire des différentes manières de considérer les fonctions du cerveau
par la physiologie, la neurophysiologie, les neurosciences et les sciences
cognitives. Il n'est plus question de parler seulement de réductionnisme au
sens strict, d'éliminativisme, de pluralisme scientifique ou d'unité de la
science. L'étude des fonctions du cerveau continue d'être d'une extraordinaire
diversité. Pourtant, les méthodes et conceptions actuelles
permettent d'en forger une épistémologie unitaire, complexe, fondée sur
des convergences locales, mais nombreuses, entre mécanismes cérébraux
et fonctions psychiques par des modèles animaux et chez l'homme.