Le coeur du grand projet, c'est Le Paradis.
Le long poème que nous nommons Divine
Comédie a été conçu en fonction du Paradis,
lui-même composé à la louange d'une femme,
Béatrice, ici transfigurée dans une plus haute
plénitude.
Le Paradis de Dante, comme L'Enfer ou Le
Purgatoire, surprend : aucun repos placide, mais
le mouvement incessant, le vol des lumières. Le
Paradis, danse de flammes, est éblouissant et
dangereux. Le voyageur céleste, guidé enfin
par Béatrice, y parcourt des ciels multiples, il y
connaît des épreuves, il y éprouve l'éblouissement
dans la tension abstraite d'un espace merveilleux
et irreprésentable.
Il est impossible d'écrire le Paradis, et pourtant
le Poème poursuit sa course. La langue de
Dante affronte l'impossible, franchit les limites,
invente une autre langue, réussit ce que la poésie
universelle aura achevé de plus beau. Et l'aventure
se termine lorsque, au plus haut terme de la
vision, le héros s'absorbe dans l'enfance. Dans
l'«amour qui meut le soleil et les autres étoiles».