Le plancher de Jeannot
« Trente-trois ans, Jeannot. Les gens, c'est tout ce qu'ils ont retenu. Tu as été vite, comme du bois mort : le temps de mettre le feu au reste et puis qui disparaît avec tous ses secrets. Moi, c'est que tu aies pu vivre si longtemps que je comprends pas. Avec tellement de monde faufilé sous ta peau et tout ce sable tassé dans ta tête. »
À la mort de son père, Jeannot est contraint de quitter dans l'urgence l'Algérie et la guerre : c'est à lui, désormais, de s'occuper de la ferme, de sa mère et de sa soeur Paule. Cette famille du Béarn, réduite à un trio fusionnel, va progressivement se couper du monde et s'enfoncer dans un délire paranoïaque dont témoigne, aujourd'hui encore, le « Plancher de Jeannot », exposé à l'entrée de l'hôpital Sainte-Anne à Paris.
La voix de Paule, brute et poétique, s'élève pour nous faire entendre le récit de cette tragédie familiale, librement inspiré d'une histoire vraie. Dans une langue envoûtante, ce monologue aux résonances antiques nous mène aux frontières du silence pour nous hanter durablement.