La production de céramique émaillée est sans conteste l'une des manifestations
artistiques les plus visibles du monde iranien. Il suffit de lever les yeux sur les
monuments d'Isfahan ou de Samarkand pour découvrir des coupoles recouvertes
de carreaux turquoise, des panneaux polychromes, où surgissent, sur fond d'azur
des fleurs de paradis ou des étoiles tombées d'un ciel inconnu. Pour qui pousse
la curiosité plus avant, les vitrines des musées présentent quantité d'objets en
céramique qui rivalisent de variété dans leurs décors, leurs formes ou leurs
couleurs au fil des âges et des lieux du monde iranien musulman.
Cet ouvrage n'est certes pas le premier à traiter de céramique iranienne. Pour
autant, les objets en céramique génèrent de nombreux champs d'investigation :
de quelles sources dispose-t-on pour leur étude ? Où et quand les objets ont-ils
été fabriqués ? Par qui ? Répondaient-ils à une commande ? Étaient-ils au contraire
proposés par l'artisan sur un marché ? Du terrain circonstanciel, nos interrogations
s'approfondissent en considérations sociologiques ou scientifiques : d'où
provenaient les matériaux qui les composent et quel était leur coût ? Les expériences
permettant les découvertes ou les perfectionnements techniques étaient-elles
financées ? Selon quels mécanismes ? Quel regard la société de l'époque portait-elle
sur l'artisan et que sait-on de lui ? Quels usages, quelles fonctions remplissaient
les objet en céramique, et plus largement, quel «sens» avaient-ils ? Les
axes de recherche semblent se multiplier à l'infini. C'est l'objet de cet ouvrage
que d'apporter des éléments de réponse à ces questions.