
Le principe de précaution
Que le principe de précaution sous toutes ses formes - alimentaire, médicale, sécuritaire - soit devenu le schéma directeur de nos sociétés occidentales, paraît ressortir de l'évidence. Il n'y aurait donc pas lieu d'en faire un ouvrage, sauf à s'apercevoir que ce fameux principe, avec toutes les précautions qu'il engendre, est passé de la sphère sociale à la sphère intime, au point de jalonner à toutes les étapes l'existence individuelle.
De la petite enfance où on nous apprend « à nous méfier de tout », à l'adolescence, vécue comme le lieu de tous les dangers, à l'âge adulte où il importe avant tout de se « caser », jusqu'à tous ces moments où on aurait bien voulu « changer
de peau » et où on ne le fera parce que c'est trop risqué, on constate que la vie d'un individu « normal » est jalonnée par une série de dérobades.
Dans la plupart des cas, on se fera une raison, sauf à s'apercevoir, mais un peu tard, qu'on est passé à côté de sa vie en essayant de la sauver. Dans d'autres cas, qui ne sont peut-être pas les plus désespérés, on va avoir affaire à une succession de pathologies qui sont autant de stratégies d'évitement, dont la répétition et la banalisation vont nous amener, nous autres psy, à revoir le sens de notre fonction et de nos interventions.
Nous publions uniquement les avis qui respectent les conditions requises. Consultez nos conditions pour les avis.