Le problème du Mal dans une métaphysique de l'alchimie
Une filiation insolite entre Luther, Böhme & Schelling
D'emblée, une filiation entre Jacob Böhme (1575-1624) et Friedrich Wilhelm Joseph von Schelling (1775-1854) : celle-ci éclaire les sources mystiques et alchimiques du romantisme allemand. Plus précisément, les concepts d'une philosophie schellingienne de la nature, de la liberté et du Mal, sont imprégnés de gnose et de mystique spéculative, en particulier böhmienne. Par ailleurs, une seconde filiation : l'hérédité intellectuelle et spirituelle entre le réformateur Martin Luther (1483-1546) et Böhme. Elle donne à penser la marque effective d'un emboîtement intellectuel pertinent, et ce pour une raison fort simple mais éclairante : Böhme et Schelling sont des luthériens imprégnés en toute conscience de culture et de tradition luthériennes. Le résultat en est que Böhme et Schelling sont incompréhensibles sans Luther. Ce lien trinitaire est alors essentiellement celui d'une pensée en un seul mouvement : l'on part de l'idée de la mort de Dieu, pour aboutir à la co-responsabilité de l'homme et de Dieu quant au Mal.