Souvent rattachées aux notions de déclin voire de décadence, les années trente sont aussi une période de bouillonnement et de création, porteuse de sa propre identité et d'un «esprit» incarné par des figures et des groupements communément qualifiés de «non-conformistes».
Reprenant les acquis de l'historiographie en les complétant par des dépouillements de sources imprimées et d'archives nouvelles, ce travail se propose de revisiter ces questions en proposant une nouvelle grille de lecture de l'histoire de cette nébuleuse, articulée autour de la notion de nouvelles relèves. Il s'agit de montrer le cheminement croisé de deux entités qui structurent cet ensemble, les «réalistes» et les «spiritualistes», et de relier, autant que le permettent les sources, leurs discours et leurs pratiques.
Nées dans les années vingt, ces deux sensibilités forment des ensembles, constitué pour le premier, en voie de formation pour le second, à la veille de la grande crise, qui marque autant un point d'aboutissement qu'un nouveau départ pour des nouvelles relèves aspirant à une transformation profonde du pays dans laquelle elles auraient leur part. Présentes sur de nombreux fronts politiques, sociaux ou culturels, ces relèves ne parviennent pas, à l'exception du groupe des technocrates, à jouer un rôle à la mesure de leurs ambitions. Leur histoire est donc celle d'un rendez-vous manqué avec leur temps.