Le Roi et l'Arlequin
Entre Louis XIV et Molière, il y a bien plus qu'une admiration mutuelle, bien plus qu'une complicité nouée lors des spectacles où ils se produisent ensemble, ou au fil des matinées où le dramaturge accomplit son office de valet-tapissier du roi. C'est que, pour le Roi-Soleil, le pouvoir est un théâtre où tout est bon pour affirmer la puissance et l'autorité royales, à commencer par les divertissements de la cour.
Dans ce théâtre de la gloire qui doit servir autant à affermir son pouvoir qu'à assurer le rayonnement du royaume, Molière, devenu peu à peu l'informel surintendant des plaisirs du roi, est une pièce maîtresse. Quant à l'auteur du Tartuffe, il ne se contente pas d'utiliser la protection de son souverain pour distiller librement la satire des moeurs et la critique sociale qui sont au coeur de son art ; mais il sert d'autant plus volontiers le projet royal que celui-ci rejoint celui de son théâtre.
Louis XIV trouva en Molière le plus parfait interprète de cette mesure française qu'il voulait voir régner en son royaume, quand le célèbre comédien vit dans ce roi artiste, soucieux d'harmonie, d'équilibre, de grandeur sans démesure, de plaisir sans relâchement, un prince selon son coeur.
Sur le trône ou sur les planches, c'est de concert que le roi et l'arlequin oeuvraient à la gloire de la France.