L'expression «roman de moeurs» est couramment employée dans le discours
littéraire sans que l'on connaisse toujours son origine et sa signification.
Apparue dans les années 1820, elle est associée, au cours du XIXe siècle, à
toute une littérature qui semble prendre acte des bouleversements sociaux
issus de la Révolution française et s'attache, à l'égal des physiologies, à
décrire le monde contemporain. Cherchant à définir précisément ce genre
littéraire, le présent ouvrage en vient à poser à nouveaux frais la question du
réalisme : il n'est pas possible, semble-t-il, de comprendre Balzac, Stendhal,
Sand et toute la génération de 1830 sans faire référence au roman de moeurs
et sans étudier ses liens avec ce que certains critiques du XIXe siècle ont
appelé le roman de caractères. Cette clarification théorique des sous-genres
romanesques n'aplanit en rien les différences entre tel ou tel auteur mais
permet, au contraire, de prendre la mesure des poétiques bien particulières
développées par chacun d'eux.