Le mystère de Shakespeare ne tient pas à l'énigme posée par la minceur de sa biographie. L'aura de mystère qui l'entoure, loin de tenir à ce que nous ignorons, repose bien plus certainement sur ce que nous connaissons : son théâtre, pour être plus précis les pièces de la maturité. Il n'y a aucun doute, dès l'âge de trente ans, certaines doctrines, véritablement ésotériques et d'autres seulement occultistes, lui étaient manifestement familières. Pythagorisme, platonisme, cabalisme, hermétisme, illuminisme, rosicrucianisme, alchimie... Ces doctrines passionnaient les écrivains tout autant que les aristocrates qui les soutenaient, protégeaient, encourageaient, y compris les deux protecteurs successifs de la troupe de comédiens pour laquelle Shakespeare composait son théâtre.
Martin Lings rend justice à la grandeur de l'artiste, sans doute, mais il observe surtout celle de l'homme que dissimule le voile à demi transparent de son théâtre.