À la fin du XIXe siècle, le Sénat devient l'un des piliers du régime républicain.
Les hommes qui le composent, des notables essentiellement ruraux,
sont très majoritairement radicaux ou républicains modérés, profondément
attachés au caractère parlementaire des institutions, à la laïcité, au libéralisme
économique et politique et à la défense nationale.
Comme le montre Gisèle Berstein dans cette vaste fresque, ces éléments
constitutifs de la tradition républicaine se trouvent menacés dans l'entre-deux-guerres
par les troubles qui affectent la France. Ces dangers conduisent le Sénat,
qui se considère comme le gardien du régime, à mener un incessant combat
contre les empiètements du gouvernement sur le droit de contrôle de cette
Assemblée, contre la poussée communiste et contre les risques d'étatisation
qu'il croit discerner dans l'expérience du Front populaire.
La perte d'influence de la Haute-Assemblée annonce la crise du régime
parlementaire. Le Sénat assiste impuissant au double échec de 1940 qu'il a tenté
en vain d'éviter : la défaite militaire de la France devant l'Allemagne nazie et
l'effondrement du régime républicain.