Conjuguant diverses approches, historique, génétique, narratologique, poétique, psychanalytique, les études réunies dans ce volume s'efforcent de préciser le sens de la profusion qui caractérise le film d'Arnaud Desplechin, Trois souvenirs de ma jeunesse.
Faux antépisode, teen movie anachronique, roman d'un apprentissage réduit à une peau de chagrin, autobiographie fictionnelle lacunaire, Trois souvenirs de ma jeunesse n'engage le spectateur sur les voies en apparence bien balisées de sa réception que pour mieux en déjouer la lecture. L'effet de reconnaissance, ou de familiarité, joue donc à double-détente : s'il facilite en première approximation l'immersion dans le film, il mène bientôt le spectateur dans une impasse, et l'oblige, comme Bob, à revenir sur ses pas après s'être égaré dans la nuit. Mais le spectateur est alors face à des sentiers qui bifurquent, comme en écho à cette hésitation dont Paul fait vertu. La déception de l'attente a ainsi pour corollaire la prolifération des références et des signes, qui va parfois jusqu'à la saturation, référentielle et filmique. Mais la profusion n'est ni virtuosité gratuite, qui serait stérile, ni confusion : elle est complication - du monde, du film, du sens. S'il est une Arcadie dans le film, c'est celle d'un temps où les mères étaient aimantes, les histoires, simples, et les amants, heureux. Mais Arnaud Desplechin sait aussi qu'il n'est d'Arcadie que perdue, et le film trace les signes vestigiaux de leur nostalgie.
L'ouvrage reproduit, avec l'aimable autorisation d'Arnaud Desplechin, de Julie Peyr et de Why Not Productions, la note d'intention et le scénario du film.