Dans un village corse perché loin de la côte, le bar
local est en train de connaître une mutation profonde
sous l'impulsion de ses nouveaux gérants. À la surprise
générale, ces deux enfants du pays ont tourné
le dos à de prometteuses études de philosophie sur
le continent pour, fidèles aux enseignements de
Leibniz, transformer un modeste débit de boissons
en "meilleur des mondes possibles". Mais c'est bientôt
l'enfer en personne qui s'invite au comptoir, réactivant
les blessures anciennes d'êtres assujettis à
d'indigents rêves de bonheur et victimes, à leur insu,
de la tragique propension de l'âme humaine à se
corrompre.
Entrant par-delà les siècles en résonance avec le
sermon par lequel saint Augustin tenta de consoler
ses fidèles de la fragilité des royaumes terrestres,
Jérôme Ferrari jette, au fil d'une écriture somptueuse,
une lumière impitoyable sur la malédiction qui
condamne les mortels à voir s'effondrer les mondes
qu'ils édifient et à refonder sans trêve, sur le sang ou
les larmes, leurs impossibles mythologies.