Le temps de la paresse
« Le Temps régit tout », répète souvent Amadou qui aime aussi dire en une formule fort hermétique et provocante : « Le
Temps m'effraie, c'est pourquoi j'adore la paresse » pour opposer l'impensable temps où tout s'abîme à l'inefficiente paresse
qui s'abîme en tout, comme s'il voyait, dans cette paresse, une possibilité de tromper l'angoisse liée au Temps en la niant, et de
se divertir d'elle ou, peut-être même, de la pervertir. Le temps de la paresse s'ancre dans l'ennui, la répétition, le désoeuvrement, la médisance et la mort, rarement dans la créativité.
À la fois antisocial et antireligieux, signe d'échec de mauvaises gouvernances, insulte à la dignité spirituelle de l'homme et à son destin métaphysique, Le temps de la paresse demeure l'éternel ennemi, la sourde et constante menace, le mal absolu. Il peut, cependant, de loin en loin, quelquefois, inciter à la création, quand on sait et arrive à le combler d'une présence active qui en informe la négativité.
Le temps ? La paresse ? Comment Amadou peut-il adorer la paresse, s'il abhorre le temps de la paresse ? Il ne saurait dire avec clarté pourquoi. Il constate simplement cette contradiction qui le met mal à l'aise. Serait-il plus enclin à la régression ? À la négation ? Amadou pourtant n'imagine et ne conçoit le temps que lié à ce qu'il appelle la destinée spirituelle de l'homme et celle-ci est un éternel combat contre toutes formes de paresse.