En 2007, la doyenne des salles de spectacles bruxelloises fêtait ses 225 ans. Empereurs,
rois, princes et grands noms de l'histoire y ont été spectateurs. Sur ses planches, celle qui
fut longtemps une annexe du Théâtre royal de la Monnaie et la seule salle de théâtre parlé
à Bruxelles, a vu se produire les étoiles du théâtre (Sarah Bernhardt, Mounet-Sully,
Réjane, etc.) ainsi que des personnalités fortes de l'histoire théâtrale bruxelloise récente
(Liliane Vincent, Jacques Lippe, Jacqueline Bir, etc.). Elle fut la première en Belgique à
jouer Maeterlinck et parmi les plus zélées à accueillir les mises en scène modernes, voire
révolutionnaires, d'Antoine, de Lugné-Poe, de Pitoëff et, plus récemment, de Piscator.
Aujourd'hui, un public
d'abonnés fidèles vient se
délecter de sa salle «à l'italienne»
récemment rénovée
et applaudir les magnifiques décors de Thierry Bosquet ainsi que les mises en scène d'oeuvres
appartenant au patrimoine de la littérature mondiale.
Mais le théâtre de la rue de la Loi est également intéressant d'un point de vue plus politique
puisque, propriété de la Ville de Bruxelles depuis 1816, il a été un enjeu dans l'histoire de
l'affirmation de l'identité flamande, puis belge... puis bruxelloise. Concerné par l'évolution
politique et sociale de la ville comme du pays, il sert d'observatoire privilégié pour qui
s'intéresse à l'histoire de l'architecture théâtrale, comme à celle des entrepreneurs de
spectacles, du public, des comédiens, de la dramaturgie, du répertoire, des décors ou
encore des costumes. Tous ces thèmes sont abordés dans une perspective dynamique qui
vise à mettre en lumière le rôle fondamental de cette institution dans les transformations
culturelles qui traversent le paysage urbain au fil des décennies. Média fondamental, le
théâtre façonne et modèle les habitudes des citadins pour qui il est un lieu de sociabilité où
s'échangent des conceptions politiques, esthétiques et morales. Moteur de ces échanges,
il est au coeur des débats qui agitent les différentes strates sociales qui le fréquentent.
Cultures populaires, bourgeoises, élitistes ou encore communautaires trouvent en ses
murs à se réaliser et ces expressions réunissent autant qu'elles dissocient les différents
publics auxquels elles s'adressent, parfois lors de la même représentation.
S'il est un incontournable de la vie culturelle bruxelloise depuis plus de deux cents ans, le
Théâtre royal du Parc n'a jamais fait l'objet d'un livre. Certes, il est présent dans les histoires
- souvent datées et anecdotiques - du théâtre belge, mais les questions fondamentales
que posent les spécificités de ses missions, les tensions entre son ancrage local et national,
entre la modernité et la tradition qui le travaillent, n'y sont pas abordées. En analysant
ces différents aspects, l'ouvrage vise à recadrer la vie du Théâtre du Parc dans les
différents tissus sociaux auxquels il participe. Pour cette raison, il intéressera les passionnés
d'histoire du théâtre, d'histoire de Bruxelles et sans doute, d'histoire de Belgique.