Note de l'éditeur
Le travail social...
« Remplacer le gouvernement des hommes par l'administration des choses », selon la célèbre formule de Saint-Simon (1760-1825), telle fut l'une des grandes idées mise en actes par nos ancêtres de 1789. Se concrétisait ainsi le projet humaniste de substituer au contrôle des personnes, au souci de leur donner des idéaux, de les entretenir, d'en surveiller la mise en oeuvre, celui de gérer la circulation des biens entre elles. S'annonçait ainsi le passage du statut de « sujet du roi » à celui de « citoyen du monde » ! Seuls des êtres qu'on n'a plus la prétention de gouverner peuvent entrer dans le jeu démocratique.
Ils sont réputés capables de se gouverner eux-mêmes !
Reste le cas des personnes qui ne sont pas partie prenante à ce nouveau système politico-économique, parce qu'elles ne réussissent pas, ou ne réussissent plus, à s'inscrire dans le circuit des échanges, ou parce qu'elles ne sont pas en mesure de faire valoir, par la voie électorale, les principes nouveaux qui leur permettraient d'y faire retour. C'est l'objectif du travail social de pallier les problèmes qui se posent de la sorte.
Au-delà de la satisfaction des besoins et du travail sur soi activé par les différents acteurs du travail social, c'est un « travail de culture » que peut proposer un « travail social clinique », résolument ancré dans des pratiques de l'intersubjectivité. Ce projet s'inscrit dans le champ ouvert, en particulier, par Jacques Gagey : « Les sciences de la conduite et de l'intersubjectivité ».