C'est en 1979 que Georges Perec publia pour la première fois une
brève nouvelle qui avait pour titre Le Voyage d'hiver reprise ensuite dans
«La Librairie du XXe siècle». Perec y racontait la découverte, par un
jeune professeur de lettres, d'un fascinant volume, intitulé précisément
Le Voyage d'hiver, qui modifie du tout au tout le regard que l'on peut
porter sur les poètes français de la fin du XIXe siècle : ceux-ci apparaissent
tous comme tributaires de l'oeuvre d'un auteur aussi génial que
méconnu, Hugo Vernier.
Quelques années plus tard, Jacques Roubaud éprouva le besoin
d'apporter quelques savants et utiles compléments au récit perecquien.
Il fut bientôt suivi en cela par Hervé Le Tellier, puis, au fil des années,
par un nombre croissant d'Oulipiens, chacun s'employant à tirer
l'histoire d'Hugo Vernier dans une direction inattendue. Ainsi s'est
constitué, autour du texte de départ, une sorte de «roman collectif»
d'un genre tout à fait nouveau.