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Cinquante ans après la parution de l’ouvrage de Jan Vansina (1961) – De la tradition orale. Essai de méthode historique – des historiens, des anthropologues et des archéologues se sont réunis en mai 2011 à Agbodrafo au Togo pour dresser un bilan de l’apport des sources orales à l’écriture de l’histoire de l’Afrique et examiner les perspectives de recherche. Ce livre offre aux lecteurs une réflexion sur les principes méthodologiques revisités pour le bon usage des sources orales, mettant en avant les pièges qui guettent encore et toujours l’historien de terrain. Le recours nécessaire à d’autres disciplines que l’histoire a été clairement démontré. L’anthropologie et l’archéologie s’avèrent indispensables pour analyser les contextes d’énonciation ou pour éclairer des pans restés jusque-là inconnus de l’histoire des populations.
Dans cet ouvrage, les auteurs proposent de nouvelles stratégies d’approche en tenant compte de l’évolution des terrains d’étude, liée à la disparition de certaines catégories d’informateurs. De nouveaux domaines de recherche peuvent encore être explorés comme le fait religieux par une étude des lieux de cultes, principalement les bois sacrés, et de leur environnement culturel. Les récits de vie permettent aussi de combler des vides importants sur l’histoire contemporaine. L’idée centrale est l’extension considérable de la gamme des sources non écrites utilisées et leur grande diversité : toponymes, anthroponymes, chants et autres contes ont été revisités. Les généalogies ont à nouveau été questionnées en croisant les sources et en s’interrogeant sur l’altération de ces listes, leur instrumentalisation et les enjeux de pouvoirs qui mènent à leur manipulation. Enfin, le lien entre documents écrits et traditions orales est à nouveau exploré, pour montrer les interférences existant entre les deux catégories.
Ce livre présente ainsi un panorama large et diversifié de l’utilisation de l’oralité comme source d’histoire avec un avenir qui est loin d’être sombre. Cependant, l’urgence demeure de poursuivre les enquêtes de terrain et d’oeuvrer à la conservation des données orales recueillies. Il s’agit d’un véritable patrimoine immatériel que les chercheurs se doivent de récolter et de préserver.
Nicoué T. Gayibor est professeur d’histoire au Département d’histoire de l’Université de Lomé (Togo). Il a publié de nombreux ouvrages sur l’histoire du Togo et sur les sources orales.
Dominique Juhé-Beaulaton est historienne au Centre d’études des mondes africains (UMR 8171 CNRS – Université Paris I – EPHE – Université de Provence). Elle a dirigé plusieurs ouvrages sur le patrimoine, l’alimentation et plus récemment sur les forêts sacrées en Afrique.
Moustapha Gomgnimbou est directeur de recherche en histoire à l’Institut des sciences des sociétés du Centre national de la recherche scientifique et technologique (CNRST) de Ouagadougou (Burkina Faso). Il est coéditeur de plusieurs ouvrages sur l’histoire du Burkina Faso.