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La science moderne est née dans le premier tiers du XVIIe siècle. Galilée, qui en fut le principal initiateur, revendiquait l'autonomie de la science pour déchiffrer le livre de la nature. Sa condamnation, en 1633, par le tribunal du Saint-Office, est donc le point de départ du grand malentendu entre l'Eglise et la science. Le fantôme de Galilée va hanter la conscience catholique pendant trois siècles et demi: ce n'est qu'en 1982 que Jean-Paul II exprime les regrets de l'Eglise à propos de l' " affaire ".
Trois siècles et demi pendant lesquels l'Eglise perd peu à peu tout contrôle sur l'évolution des sciences car elle refuse de s'adapter aux nouvelles théories. Après avoir censuré les mouvements de la Terre, elle condamne la physique mécaniste de Descartes, l'atomisme, le darwinisme, les premiers résultats de la géologie et de la préhistoire qui contredisent la chronologie biblique et le déluge universel. La condamnation du modernisme, en 1907, marque l'apogée de l'immobilisme de l'Eglise.
Au début du XXe siècle, le dialogue reprend timidement. Pie XII affirme sa sympathie pour les savants. Mais des obstacles subsistent, surtout à propos de l'origine de l'homme. Les vieilles méthodes n'ont pas disparu, comme l'illustre l'affaire Teilhard de Chardin.
Aujourd'hui les progrès de la génétique et de la procréation artificielle renouvellent le débat. La mécanique quantique et le modèle inflatoire du big bang rapprochent les points de vue religieux et scientifiques. La visite de Jean-Paul II au CERN montre que les conditions d'une reprise du dialogue semblent réunies. Sommes-nous à la veille d'une deuxième grande synthèse? L'histoire nous enseigne ici la prudence.
Georges Minois, agrégé d'histoire, docteur en histoire et docteur ès lettres, est l'auteur de plusieurs ouvrages d'histoire sociale et religieuse, dont, chez Fayard, l'Histoire de la vieillesse et Le Confesseur du roi, ainsi que d'un Henri VIII.