Langage, faculté symbolique, conscience de la mort et invention de l'art n'apparaissent que très tardivement, au stade d'Homo sapiens, il y a 100 000 ans. Autant de caractéristiques qui n'avaient rient d'inéluctable, l'évolution ayant pu s'arrêter avec l'homme de Néandertal qui ne jouissait pas de celles-ci. Pourquoi?
Les découvertes advenues au cours du dernier quart de siècle obligent désormais à penser l'évolution comme discontinue et marquée par le décalage constant entre les progrès des caractéristiques anatomiques et ceux de l'intelligence. Elles conduisent à postuler qu'il n'y a pas eu uniquement succession des espèces, mais bien coexistence de certaines d'entre elles dans le temps et dans l'espace. Pourquoi l'une a-t-elle survécu et abouti à l'homme? La réponse est apportée par la théorie de l'évolution qui met aujourd'hui l'accent sur la "spéciation", c'est-à-dire la production incessante d'espèces nouvelles, et le "tri entre espèces" comme mécanismes de sélection naturelle.
En cela, il n'y a pas eu "naissance" de l'homme, mais "émergence", fruit imprévu d'adaptations contingentes.