L'acquisition du langage est un cas particulier d'un problème plus général ; la formation et l'évolution de la personnalité au sein d'une société. Deux forces sont aux prises ou concourent : un milieu social, une puissance d'assimilation et d'invention. C'est pourquoi le langage est chez l'enfant un développement prématuré ; il reçoit de la communauté linguistique non seulement une langue mais encore l'invitation à communiquer. C'est pourquoi le langage ne vient qu'à son heure ; il est l'expression de la structure affective et mentale de l'enfant ; il suppose un certain niveau de développement, une certaine richesse de vie intérieure, un certain élan d'initiative et d'aventure. Une institution, pour se maintenir et s'imposer, suppose, outre le jeu de la tradition, du prestige et de la contrainte, l'action plus ou moins explicite des motifs qui l'ont constituée. Dans l'acquisition du langage on retrouverait sans peine le déploiement des forces qui ont abouti à la constitution du langage.