L'ère du profit ou la faillite de l'esprit
Toute culture est une tentative plus ou moins maladroite de juguler la violence en imposant des limites aux pulsions grâce à l'Interdit. Prônant une liberté sans limites, considérant l'égoïsme comme une vertu sociale, et faisant de la propriété privée un Droit naturel et inaliénable, le capitalisme libère une passion qui ne tolère aucun obstacle : l'appât du gain. Il étend son emprise sur toutes choses : l'homme et la nature. La radicalité est son essence.
La culture occidentale, riche de l'Humanisme des Lumières, est ainsi porteuse d'une injonction monstrueuse et perverse : tu respecteras ton prochain/tu exploiteras ton voisin. Dans un tel contexte, les notions de laïcité, de liberté, de démocratie, de république ne sont plus des paroles d'espérance, mais de violence et engendrent la haine.
Sa radicalité contraint ses ennemis à se radicaliser. La sacralisation de l'égoïsme engendre, à terme, la sacralisation de la violence : le meurtre et le suicide conjoints comme viatique du Salut. Le terrorisme, ou la faillite de l'esprit.
L'extension géographique et l'emprise anthropologique du capitalisme en font une révolution culturelle, comme le fut, en son temps, le néolithique. Une ère culturelle qui nous devance, nous porte et façonne. L'avenir de l'humanité passe par une nouvelle révolution qui imposera des limites à l'accumulation de la richesse privée devenue un crime contre l'humanité.